Rencontre avec une jeune créatrice en plein essor : Naomi Gunther
Être un jeune créateur n’est pas chose facile, car sa liberté créative doit élire domicile, dans le cœur de ses acheteurs. Or, dénuée d’histoire, qui sont pour elle un véritable faire valoir, une jeune marque se lance dans le grand bain, sans aucune assurance sur ce que sera son destin. En effet dans la mode, malheureusement trop souvent on dérobe, l’écriture créative de ceux que l’on fait partir à la dérive : des diamants bruts qui n’ont pas le temps d’être taillé car en volant le fruit de leur jardin secret on vole ainsi leur destinée. Le 8 a rencontré Naomi Gunther, une jeune créatrice sauvée de ce sévisse, car ses collections portées par des stars lui ont déjà apporté une telle reconnaissance qu’elle a su se frayer un chemin parmi les grands de la mode de demain.
Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans la mode masculine plutôt que féminine ?
C’est lors de mes études à New York en 2015 que j’ai eu une révélation pour la mode masculine. C’était les débuts du streetwear et la façon dont les hommes s’habillaient dans la rue m’a beaucoup inspirée. Il y avait une vraie démarche d’associer des pièces de styles différents , mélanger de l’urbain avec du chic, jouer sur les accessoires etc. Je me suis dis qu’il y avait encore beaucoup de possibilités dans la mode homme.
Pourquoi les Etats-Unis sont-ils un lieu de prédilection dans l’inspiration de vos collections ?
J’ai toujours été fascinée par l’esthétique américaine en général car je suis très inspirée par les paysages divers qu’on peut y trouver, et les inspirations historiques à travers les époques. Cela peut être des paysages californiens de la côté ouest, des lumières, des couleurs de Las Vegas ou bien de la vie nocturne de New York. À travers l’histoire, je suis très inspirée par les années 20-30 avec l’esthétique de la Prohibition, des personnages « gangsters » emblématiques comme Al Capone, de la musique Jazz, mais aussi des années 70-80 avec les débuts du hip-hop et du disco à New York. J’ai également un fort lien avec la musique et il est vrai que tous ces styles américains sont des inspirations dans ma création en général. Allier l’urbain et l’élégance entre Etats Unis et France est ce qui caractérise ma création.
La Californie représente la culture du skate et du surf qui tout naturellement l’amène vers le « streetwear », par conséquent comment qualifierez-vous votre collection ?
Pour moi cette collection incarne la fusion parfaite entre le chic urbain, l’esprit décontracté et l’extravagance audacieuse qui caractérisent l’esthétique californienne. En concevant cette collection comme un roadtrip, nous passons par plusieurs ambiances : l’esprit bohème des surfeurs de Venice Beach, le chic urbain de Los Angeles, l’aventure des parcs naturels et l’énergie électrisante de Las Vegas.
Pourquoi avez-vous décidé de défiler dans une boîte de nuit ? Y a-t-il un lien entre votre collection S/S24 et la musique ?
Pour ce défilé, je voulais accentuer la partie Las Vegas de la collection en proposant une expérience « nocturne » et faire une ode aux soirées si connues de cette ville électrisante. J’adore l’idée qu’en pleine journées les invités descendent dans un club et perdent un peu la notion du temps. Avec une playlist inspirée de l’énergie californienne, très dansante, j’ai vraiment ressenti que le public s’est amusé et a profité d’un spectacle plutôt que d’un défilé classique. Comme je l’ai dit, la musique est très importante pour moi, pour plusieurs de mes défilés je collabore avec le dj Théo Wizman qui sait à chaque fois me proposer une playlist qui colle à mes inspirations.
Dans la marque en général nous travaillons aussi avec beaucoup d’artistes musicaux et nous avons également collaboré pour plusieurs tenues de scène notamment avec Franglish, Sch, Gims, etc..
Qui est l’homme Gunther ?
GUNTHER propose un vestiaire à la croisée des mondes – une esthétique hybride qui rassemble des pièces inspirées du streetwear et des classiques traditionnels réinventés. Un vestiaire intemporel qui combine la contemporanéité de la culture urbaine et l’inspiration classique sartoriale. GUNTHER est l’alliance d’un héritage mode français et d’une esthétique moderne, d’un paysage parisien authentique et d’une frénésie créative importée directement de New York dans le respect et la promotion constante de la diversité sociale.
L’homme GUNTHER est un homme moderne, il a une sensibilité particulière pour la mode, le style. Mais c’est un homme actif, qui a besoin de porter des vêtements luxueux mais conforts, qui se distinguent par leur style mais qui peuvent se porter en toute circonstances. C’est un homme qui est attentif aux matières, coupes, tissus qu’il porte.
Avez vous l’impression que le marché de la mode masculine est en pleine mutation ? Si oui comment vous positionnez-vous par apport à ce changement ?
Ces dernières années, la mode masculine est devenue plus audacieuse, plus intéressante à suivre et plus tendance. C’est une mode dans laquelle les femmes aussi se reconnaissent de plus en plus. Si les grandes maisons de couture sont déjà établies sur le segment du luxe, le prêt à porter haut-de-gamme voit lui émerger de nouveaux acteurs et il y a particulièrement une place à prendre dans ce segment. Et c’est ce positionnement que GUNTHER veut adopter en proposant une marque de vêtements haut-de-gamme, made in Paris, et abordable.
Le fait d’être une femme qui dessine des vêtements d’hommes je pense est aussi un atout car cela me permet d’apporter une vision différente, apporter une touche féminine tout en dessinant pour les hommes. Au niveau des tendances, on voit s’essouffler le streetwear et le tailoring revenir en force. Dès le lancement de GUNTHER, l’objectif de la marque a été de remettre en avant le savoir-faire et l’élégance française, et proposer un vestiaire masculin fait de classiques revisités. La marque s’inscrit donc dans cette nouvelle mouvance et nos vêtements sont à mi-chemin entre le prêt-à-porter et la haute couture.
